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NOUVEAUX DEFIS                          11

           divers systèmes de gestion démocratique dans les entreprises. Le passage du
           contrôle ouvrier à la gestion assurée d’un commun accord par les ouvriers et
           les représentants du capital d’Etat désignés par les organismes gouvernemen-
           taux signifie, non pas un affaiblissement, mais une extension des droits
           détenus par la classe ouvrière dans la gestion des entreprises mixtes; il ne
           s’agit pas d’un recul, mais d’un progrès. Si, aujourd’hui, dans les entreprises
           mixtes, le patronat continue à détenir des fonctions et pouvoirs, la situation
           n’est plus du tout comparable à celle qui prévalait à l’époque des entreprises
           privées. Autrefois, les capitalistes détenaient dans leurs entreprises les pou-
           voirs suivants: le droit de propriété des biens de production, le pouvoir
           d’exploitation et de gestion, le libre emploi du personnel. Aujourd’hui, bien
           qu’un changement fondamental se soit produit dans la propriété des entre-
           prises, il subsiste toujours une part de propriété privée, raison pour laquelle
           les capitalistes continueront à toucher des intérêts pendant une période
           déterminée. De plus, l’exploitation et la gestion des entreprises et l’emploi du
           personnel échappent désormais aux capitalistes, ces pouvoirs appartenant aux
           sociétés spécialisées d’Etat. Par conséquent les fonctions et pouvoirs des
           patrons ne sont plus les mêmes qu’autrefois, lorsque les entreprises leur
           appartenaient en propre; ce sont simplement des fonctions et pouvoirs
           conférés par l’Etat à des ingénieurs, techniciens ou gestionnaires. Les mem-
           bres du patronat les exercent non point en tant que capitalistes, mais en tant
           que fonctionnaires. Sont-ils à la hauteur de la tâche? Il faut admettre que
           contrairement aux propriétaires fonciers et aux capitalistes bureaucratiques,
           la plupart de nos capitalistes sont plus ou moins versés dans les techniques
           modernes de la production et de la gestion. Nous avons besoin des connais-
           sances utiles qu’ils possèdent. Plus tard, la classe ouvrière saura certainement
           former dans ses rangs des ingénieurs, des techniciens et des gestionnaires
           hautement qualifiés. D’ailleurs cette formation est déjà en cours. Toutefois,
           dans la situation actuelle, la bourgeoisie nationale, ainsi que ses intellectuels,
           représente encore dans notre pays une classe relativement cultivée. Il est
           nécessaire de bien faire comprendre à tous les ouvriers et employés que ne
           pas faire appel à ces capitalistes nationaux désireux de servir le socialisme
           serait agir à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière. Celle-ci a tout intérêt
           à permettre à ces capitalistes de participer à la production et à la gestion des
           entreprises socialistes et à leur accorder les mêmes droits politiques qu’aux
           autres catégories sociales de la population. Pour que les ouvriers et employés
           prennent conscience des changements survenus après la transformation des
           entreprises capitalistes en entreprises mixtes, nous devons engager parmi eux
           un vaste mouvement d’information. Simultanément, nous continuerons à
           promouvoir aux postes de direction des entreprises les ouvriers et employés
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