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malgré la situation nouvelle où elle est placée? Je ne le pense pas.
Si c’est en raison de sa faiblesse que la bourgeoisie nationale ne peut
pas changer son attitude, pourquoi donc l’a-t-elle fait dans les années
1924-1927, lorsqu’au lieu d’hésiter devant la révolution elle est allée
jusqu’à y participer? Peut-on dire que cette faiblesse de la bour-
geoisie nationale est un défaut acquis et non pas un défaut congénital?
Peut-on dire qu’elle est faible aujourd’hui, mais ne l’était pas à l’épo-
que? La faiblesse de la bourgeoisie nationale est l’une des caractéristi-
ques politiques et économiques essentielles d’un pays semi-colonial.
C’est la raison pour laquelle les impérialistes osent la brimer, et c’est
aussi ce qui fait qu’elle déteste l’impérialisme. Bien sûr, loin de le
nier, nous reconnaissons parfaitement que pour cette même raison
les impérialistes, les propriétaires fonciers et la bourgeoisie compradore
l’appâtent aisément au moyen de quelques avantages temporaires, ce
qui, à son tour, explique l’inconséquence de la bourgeoisie nationale
dans la révolution. Néanmoins, on ne peut pas dire que dans les
circonstances actuelles la bourgeoisie nationale ne diffère en rien des
propriétaires fonciers et de la bourgeoisie compradore.
C’est pourquoi nous tenons à affirmer que des scissions se pro-
duiront dans le camp du Kuomintang lorsque la nation arrivera à un
tournant critique. De telles scissions ont trouvé leur expression dans
l’attitude hésitante de la bourgeoisie nationale comme dans la prise
de position de personnalités antijaponaises telles que Feng Yu-siang,
Tsai Ting-kai, Ma Tchan-chan, si populaires pendant un temps. Tout
cela est essentiellement désavantageux pour la contre-révolution et
profitable à la révolution. Le développement inégal de la Chine sur
le plan politique et économique et le développement inégal de la
révolution qui en est la conséquence favorisent de telles scissions.
Camarades! Voilà pour le côté positif de la question. Je voudrais
maintenant parler du côté négatif, à savoir que souvent certains élé-
ments de la bourgeoisie nationale sont passés maîtres dans l’art de
tromper le peuple. Pourquoi? Parce qu’à côté de gens qui soutien-
nent sincèrement la cause de la révolution populaire cette classe
comprend nombre de personnes qui se font passer pendant un cer-
tain temps pour des révolutionnaires ou des semi-révolutionnaires et
s’assurent par là le pouvoir de tromper le peuple, de sorte qu’il est
difficile à celui-ci de voir clairement combien elles sont inconséquentes
dans la révolution et de percer à jour leur démagogie. Tout cela
accroît la responsabilité du Parti communiste, à qui il incombe de
critiquer ses alliés, de démasquer les pseudo-révolutionnaires et de